Le 22e prix Goncourt des lycéens a été décerné lundi 9 novembre 2009 à Jean-Michel Guenassia pour son roman Le club des incorrigibles optimistes (Albin Michel).
L'annonce du prix s'est faite depuis le centre culturel les Champs Libres, à Rennes.
Le club des incorrigibles optimistes est le premier roman d'un presque débutant de 60 ans (il a publié un roman policier en 1986) : il s'agit d'une fresque historique dont l'action se situe dans les années 50-60, autour d'émigrés originaires d'Europe de l'est, réfugiés politiques à Paris.
Un puzzle virtuose
Catherine Cusset, dans son roman Un brillant avenir , nous dessine le portrait d’Elena. Une jeune femme née en Bessarabie dans les années 1930, qui consacre sa vie à la conquête du bonheur. Après avoir reçu un diplôme d’ingénieur en physique nucléaire et s’être mariée à un jeune juif, malgré les réticences de sa famille, Elena ne rêve plus que de liberté. L’histoire se déroule des années 40 jusqu’à aujourd’hui. Bien que l’ordre chronologique ne soit pas respecté, le lecteur n’est jamais perdu. Au contraire, il se laisse promener dans un virtuose puzzle. Il voyage entre la Roumanie de Ceausescu, l’Israël qui est la terre promise de Jacob son mari, la France mais aussi et surtout les Etats-Unis, son eldorado. Dans cette bousculade des époques, le suspense est permanent. On dispose du début et de la fin. On veut avancer pour pouvoir rassembler les bouts du puzzle.
Un brillant avenir, est celui qu’Elena, devenue Helen en obtenant à quarante ans la nationalité américaine, veut offrir à son fils, Alexandru, après ses études à Harvard. Mais c’est sans compter sur l’arrivée de Marie, la fiancée française, à laquelle Helen voue, de prime abord, une haine sans limites. Puisque pour elle, Marie représente cette France « fermée et élitiste ». De plus, elle craint que la jeune femme emmène son fils de l’autre côté de l’Atlantique et brise ce brillant avenir, ce qui est pour Helen et Jacob impensable, après tous les sacrifices qu’ils ont faits : la fuite de la tyrannie, les angoisses de la guerre, les persécutions antisémites, la dureté de l’exil et enfin la jouissance de la liberté. Petit à petit, Helen et Marie s’apprivoisent, se comprennent et se surprennent à se trouver des points communs ; à commencer par leur amour pour Alexandru. L’auteur restitue ici avec brio cette danse qu’est le trio mère, fils, belle-fille. Au-delà du conflit entre la mère trop protectrice et la belle fille indomptable, c’est une submersion dans la volonté absolue d’être soi, de se rester fidèle, de se forger une identité qui ne craint aucune frontière.
Avec cette écriture simplifiée, l’auteur mène d’une main de maître le bouleversant destin de cette femme dont la vie devient de plus en plus dense à chaque épreuve traversée. On s’attache à Helen, elle qui est pourtant possessive, impérieuse et qui ne recule devant rien pour ce qu’elle croit être le bonheur de son fils unique. De ce roman, éclosent de superbes portraits de femmes. Elena-Helen, Marie (et aussi, Camille, la petite-fille), la grand-mère d’Elena, et la « fausse-vraie » mère, qu’Elena ne voudra plus jamais revoir.
Au final, pour sans doute, ne pas mourir de chagrin et faire face à la déchéance de Jacob, Elena se ment à elle-même. Elle s’invente des fatigues, pour fuir la réalité, se brûle des cigarettes pour enfumer un peu plus ses journées, se ferme sur elle-même pour oublier un peu les autres, ceux qu’elle redoute tant… Mais laisse, malgré tout son cœur s’épancher à la chaleur que lui apporte sa petite-fille. Ce roman, d’une extrême beauté, particulièrement vif et mélancolique puise sa force et sa singularité non dans la parole et la vérité mais dans le silence, presque à la lisière du mensonge et de la solitude. Quand le livre est terminé, Elena a laissé son empreinte dans votre univers.
Nous voilà donc partis en direction de Rennes pour la 21ème rencontre du prix Goncourt des lycéens. Pendant deux jours, nous allons pouvoir rencontrer des auteurs, des éditeurs et autres critiques littéraires. 14 classes du Grand Ouest ont ainsi fait le déplacement pour l'occasion.
La journée a débuté par le visionnage de courts-métrages pour certains, et par la préparation de questions destinées aux divers auteurs présents pour d'autres. Se sont pliés au jeu des questions au cours de ce premier jour des auteurs comme Del Amo ou Alain Joubert.
Cette journée fut également marquée par la rencontre avec un éditeur de chez Gallimard qui nous a présenté son métier mais aussi et surtout par la victoire de Marie au concours des critiques littéraires. Son "puzzle virtuose", critique de l'oeuvre de Catherine Cusset, Un brillant avenir lui a permis de rencontrer l'auteur en tête à tête. Marie a ainsi enchaîné au cours de la journée interviews télé, séances photos...
Une journée riche en émotions, qui s'est poursuivie par une soirée détente à la patinoire mais qui s'est plutôt mal terminée pour certaines personnes, qui en ont vu de toutes les couleurs (enfin, surtout du blanc, mais de trop près, à leur goût !... ^^ )
Souvenez-vous ....
Souvenez-vous ce vendredi 12 septembre 2008, il y a plus de 2 mois déjà, lorsque tout a commencé : je vous avais promis l'aventure et des découvertes, et je crois pouvoir dire aujourd'hui que je ne m'étais pas trompé !..
Le tout est de s'entendre sur ce qu'est une aventure, et plus particulièrement l'aventure de la lecture : car on peut être à la recherche d'un trésor antique, et se retrouver avec un goût de cendre dans la bouche. Ce fut le cas, faut-il croire, des téméraires qui lirent Une nuit à Pompéi, qu'ils jugèrent un peu trop volcanique à leur goût ; pourtant, on ne tombe pas forcément sur des ruines, semble-t-il, quand on passe une nuit à Pompéi ...
D'autres, pensant y trouver la voix du Prince, à défaut de la voie royale, ont voulu se laisser bercer par Le rêve de Machiavel. Mais celui-ci, hélas, tourna assez vite au cauchemar !...
Pour d'autres encore, le Goncourt Lycéen fut vécu comme un Jour de Souffrance, je l'ai bien remarqué. C'est oublier qu'un jour de souffrance, comme l'indique Catherine Millet, c'est une fenêtre ouverte sur l'extérieur. Or qui veut vraiment vivre l'aventure ne doit pas s'attendre à ce que le trésor vienne tout seul à lui ; sans quoi ce serait un bien triste trésor. Dans la quête au trésor, c'est avant tout la quête qui compte. Pour bien savourer l'aventure, il faut donner de soi, et trouver la bonne démarche, pour mieux se délecter du paysage.
L'aventure, en somme, c'est toute une éducation. Une éducation libertine, même, parfois, qui n'aura peut-être pas trop été du goût des lecteurs du Lycée Loth, mais cela n'aura pas été le cas ailleurs. C'est pourquoi les échanges et le partage des points de vue permettent encore d'étendre l'aventure à des horizons inconnus jusque-là.
Pour certains, l'aventure mène aussi à la méditation et au silence de Mahomet, qui s'est montré à nous sous de multiples formes, en fonction des regards que d'autres auront portés sur lui, pour mieux nous le dévoiler.
D'autres auraient bien dévoré les 15 livres de la sélection et se voyaient déjà beaux comme Un chasseur de lion ; pourtant, il leur a bien fallu admettre que le sieur Pertuiset, ils ne pouvaient plus le voir en peinture, et qu'ils ont eu du mal à l'encadrer.
Mais d'autres encore se sont pris au jeu de la lecture, et sont tombés sous sa fascination, et même sa Domination.
Je n'allais pas leur jeter la pierre, à ceux qui s'armèrent de patience, et qui auront compris, en cours de route, qu'un livre peut ressembler à une Syngué Sabour : il peut se faire complice, confident des émotions les plus intimes et que lire ne consiste pas simplement à déchiffrer des mots, mais surtout à défricher son âme (qui n'est jamais ni toute noire, ni toute blanche ; rappelez-vous !....)
Vous l'aurez compris, une telle aventure n'est pas de tout repos. On croyait pouvoir faire La traversée du Mozambique par temps calme, finalement, on aura eu droit à l'élaboration d'un dossier, qui a demandé des recherches, une rencontre avec les lecteurs adultes de la Bibliothèque Municipale, qui aura été préparé avec ardeur, mais appréhension aussi (mais quel bon entraînement pour l'oral de bac !...) et la rédaction d'une critique littéraire. De tout ce travail, certains en sont sortis le corps fourbu, et Qui touche à mon corps, je le tue.
Mais tout cela n'aura pas été fait en vain : ce qui fait la valeur d'une telle aventure, au-delà du Prix Littéraire, c'est surtout le prix de l'effort qu'on lui consacre. Comme le dit le proverbe, il faut souffrir pour être beau. Mais n'est-ce pas à ce prix qu'est La beauté du monde ?
Vous me direz, oui, mais il faut du temps (parfois toute une vie) pour trouver tout cela, pour franchir tous les obstacles, malgré nos handicaps. Et entre temps, on se demande bien Où on va papa ?
Je vous répondrai, que l'on va vers la Terre Promise. Celle des trois heureux élus. Et que même si, pendant quelques moments de fatigue, on croit l'avoir perdue, il ne faut jamais oublier que pourtant C'était notre terre.
Et que ce lieu béni, que chacun espère malgré les difficultés, même s'il faut pour cela franchir 750 pages, écrites en petits caractères de surcroît, ce monde presque idéal, c'est Là où les tigres sont chez eux.
Et ce n'est pas fini. Puisqu'il reste le meilleur pour la fin. Ces rencontre des 11 et 12 décembre, où vous pourrez aborder celles et ceux qui vous ont fait rêver, pester, méditer, réfléchir, rire ou pleurer.
Qu'y aura-t-il, au bout du chemin, au bout de l'aventure, au bout de vos vies lycéennes ? A quoi êtes-vous promis, par la suite ?
Qui peut le savoir ? L'aventure ne finit jamais tout à fait. Même si l'on en termine une, il s'agit d'en reprendre une autre, de poursuivre et d'agir pour ne pas simplement rêver sa vie, mais bien vivre son rêve.
Ce que je sais donc, c'est qu'au bout de notre chemin, se trouve Un brillant avenir et que je ne peux rien vous souhaiter de mieux.
Je vous souhaite donc à toutes et à tous, d'aller à la recherche de votre trésor, de payer le prix de l'effort qui s'impose pour cela, et de découvrir ce qui vous satisfera le mieux.
Vive l'aventure.
Et vive la lecture !
Merci
Laurent Urnauer
Au restaurant scolaire et en présence de tout nos partenaires. Un moment inoubliable de convivialité et de chaleureux sourires, après bien des efforts entrepris (mais jamais en vain … cela méritait bien une juste récompense !...
Ce silence n'est ni pur ni paisible ,
une rumeur y chuchote tout bas
[ ... ]
un vent de voix ,
une polyphonie de souffles .
link
[Cf la fin du livre quand Magnus se retrouve avec Frère Jean dans la forêt
et qu'il doit entendre le son d' une feuille qui tombe au sol ... Le silence . ]
"Ici commence l'histoire d'un homme qui ..."